Ancienne assistante parlementaire de Joseph Daul, Anne Sander (PPE) est désormais eurodéputée depuis les dernières élections européennes et peut sans l’ombre d’un doute s’enorgueillir de son riche double parcours, politique en tant que Secrétaire départementale adjointe pour l’UMP du Bas-Rhin et socio-professionnel en ses qualités de Présidente de la Fédération des Jeunes Chambres Économiques d’Alsace et Présidente de la commission « Territoires et Coopérations » du Conseil Économique Social Environnemental Régional d’Alsace, en France.
Alsacienne, il lui a été presque impossible de rester insensible à la politique européenne. Anne Sander nous livre ses vues sur la question de l’impact du Numérique sur l’emploi des jeunes et le développement des PME.
Quel est l’impact des jeunes dans la relance de la machine économique européenne. Comment est-ce que les jeunes peuvent aider à éradiquer cette crise économique ?
Quand on s’intéresse à l’emploi ou au non-emploi des jeunes, on se rend compte qu’ils sont le premier indicateur de ce qui ne va pas et que cette crise est bel et bien présente et nous touche de plein fouet. Les jeunes sont beaucoup plus fortement touchés que les autres strates de la population par le chômage. En travaillant sur le chômage des jeunes, d’une manière générale, on va aussi arriver à relancer la machine économique.
Toutes les idées qui ont été avancées pour stopper la crise et relancer la croissance reposent sur des idées innovantes. Qui dit innovation, sous-entend jeunes, que ces idées relèvent du numérique ou autre. Quel est le public le mieux placé pour se saisir de cette révolution numérique et des TIC, de ce marché numérique récemment créé ? Les jeunes.
Quand on parle d’investissements, de création d’entreprises ou encore d’esprit d’innovation, on pense immédiatement aux jeunes. Tout simplement parce qu’ils sont très nombreux à être sans emploi, mais aussi parce qu’ils ont une nouvelle vision et de nouvelles compétences. C’est aussi sur eux qu’il faudra s’appuyer pour redynamiser l’Union Européenne (UE).
Comment développer l’esprit entrepreneurial chez les jeunes ? Quel rôle peut jouer l’Union Européenne ?
L’UE met en place un cadre relativement général au niveau européen, mais c’est aux Etats Membres qu’il impute de se saisir des textes mis en place par l’UE pour les décliner concrètement dans leur pays.
L’approche nationale n’est cependant pas suffisante puisque que la démarche et les types d’entreprises vont être différents d’une région à l’autre, de même que les débouchés et les marchés partenaires. Une approche plus fine, plus proche du territoire et des gens est donc nécessaire.
Il faut multiplier les plateformes qui gèrent et promeuvent des initiatives telles que Erasmus + ou encore Erasmus pour jeunes entrepreneurs qui n’est pas encore bien connue. C’est en participant à de tels échanges que les jeunes ouvriront leurs esprits, découvriront de nouvelles cultures, feront des rencontres et pourront se démarquer.
S’il y a un acteur qui joue un rôle fondamental dans cette action, c’est l’école, malheureusement aujourd’hui en difficultés En dépit de certaines initiatives déjà prises, sphère éducative et sphère professionnelle ne parviennent pas aujourd’hui à communiquer. Elles restent chacune cloissonnées rendant difficile pour notre jeune génération le passage de l’une à l’autre.
Est-ce que l’emphase mise sur l’acquisition des compétences technologiques puisse faire peur ou être synonyme de tueur d’emploi ?
Certainement pas chez les jeunes ! Finalement aujourd’hui, tous les jeunes se sont relativement familiarisés avec les nouvelles technologies – à des degrés divers certes. Quand on parle d’innovation, il y a toujours la notion de destruction d’emploi, de période d’adaptation, mais ce n’est pas un souci pour les jeunes. Ils sont créatifs et s’adapteront.
Pour les générations plus âgées, il faut veiller à ce que le progrès technologique aille de pair avec le progrès social. Montrer l’intérêt de la technologie : tant sur le plan professionnel (compétences) que dans la vie de tous les jours (vie rendue plus facile).
Quel est l’impact du digital sur l’économie européenne ? Parle-t-on plus de bénéfices ou de désavantages ?
Il y a une très grosse marge de manœuvre et de nombreuses possibilités ne sont pas encore suffisamment exploitées. Si on allait plus loin sur le marché numérique en Europe, il y aurait énormément d’opportunités à saisir tant pour l’économie de manière globale que pour les entreprises et la collectivité.
Seules 14% des PME européennes vendent en ligne. Ce n’est pas beaucoup ! Un énorme potentiel reste à exploiter. C’est même une des priorités de la Commission Juncker. En, cinq ans, on peut faire évoluer les choses, surtout dans ce domaine-là, où tout bouge et tout se révolutionne très vite.
Il faut surtout soutenir nos entreprises, les pousser à être créatives dans le domaine et leur donner les clés pour se développer, et éviter l’hégémonie de quelques grands groupes Il reste un important travail de sensibilisation des PME sur les nouvelles opportunités à saisir, mais également un rôle à jouer par l’Europe pour voir l’émergence de poids-lourd européens dans ce domaine-là.
Comment créer un environnement sain pour les jeunes dans des PME ou des startups ?
Il faut déjà simplifier l’administration. Les chefs d’entreprise n’en peuvent plus de cette complexité administrative, qu’elle soit nationale ou européenne. Au niveau de l’UE, il y a des choses qui vont dans ce sens. Jean-Claude Juncker en a fait une de ses priorités, notamment avec le portefeuille du Commissaire européen Frans Timmermans. A côté de cela, un certain nombre de mesures concrètes sont déjà sur la table , notamment leprogramme REFIT qui vise à rendre la législation de l’UE plus légère, plus simple et moins coûteuse.
Un autre problème se pose au niveau de l’UE : la convergence sociale et fiscale. Il y a une très grosse concurrence au sein même des pays de l’UE dont nos PME sont les premières victimes. Changeons cela!