Née à Bruxelles d’un père belgo-congolais et d’une mère tchadienne, la jeune chanteuse Sarah Carlier est un nouvel et bel exemple de ce que la mixité culturelle peut apporter de meilleur: un style musical unique, ouvert sur le monde, fruit d’un métissage entre une identité bien ancrée, en l’occurrence en Belgique, et un héritage culturel varié.
UNITEE est allé à la rencontre de cette artiste talentueuse qui s’est produit pour la première fois sur la Place des Palais à Bruxelles le 10 mai pour la Fête de l’Iris. Elle est revenue pour nous sur son triple héritage culturel et sur l’importance de la diversité culturelle dans nos sociétés.
Votre père, qui joue de la guitare avec vous sur scène, est belgo-congolais. Et votre mère, qui écrit beaucoup, notamment des poèmes, est tchadienne. Comment est-ce que cette triple culture et cet environnement artistique influencent-ils votre musique ?
Tout d’abord, je pense que je fais de la musique car mes parents font de la musique. Mon père est musicien. Du coup, j’ai toujours beaucoup entendu de musique chez lui. Et puis ma mère aussi a toujours beaucoup écouté de musique.
A la maison, on écoutait un peu de tout, mais c’est vrai que chez ma mère, on écoutait beaucoup de musique africaine, en particulier congolaise, même si elle est tchadienne. Donc même si j’ai très peu voyagé, c’est cet univers musical et culturel varié qui m’a poussé à faire de la musique et à faire ce genre de musique.
Avez-vous des contacts avec l’Afrique, particulier avec le Tchad et le Congo ? Est-ce pour vous important de renouer avec ses racines ? Par exemple, pour enrichir sa musique ?
En réalité, je n’ai pas encore eu l’occasion d’aller au Tchad ou au Congo. J’ai été en Afrique pour la première fois il y a deux mois, mais c’était au Maroc, où j’ai fait quelques concerts acoustiques. Donc je me rapproche petit à petit.
Et j’aimerais bien renouer avec cette partie de moi dans le futur, retrouver la source de ce que j’ai pu entendre chez ma mère et découvrir la musique de rue de là-bas, car c’est un peu de là-bas que tout part… cela enrichirait certainement ma musique.
Est-ce que vous pensez un jour chanter en français ?
Pourquoi pas. Mais il faut dire que bizarrement, les choses se font fait naturellement comme ça en anglais. C’est une question de feeling. Peut-être aussi parce qu’à Bruxelles, on entend beaucoup de musique anglo-saxonne. Et puis, ça a plus de sens pour moi de chanter dans la langue de mes grandes idoles.
Vous avez été révélée sur le site communautaire belge AKAMusic en 2009 et avait sorti depuis deux albums, «For Those Who Believe» en 2011 et « SMS » en 2014, avec quelques premières parties prestigieuses telles que Yael Naim, Emeli Sandé, James Morisson ou encore Amadou & Mariam. Qu’est-ce que vous préférez dans la musique ? La création ou la scène ?
Les deux sont très différents mais j’aurais tendance à dire que je préfère le live, même si au début c’était un peu dur car je suis très vite arrivée sur scène, sans avoir d’expériences. J’ai dû apprendre très vite. La scène, c’est le moment où tu partages avec les gens ce que tu as créé seul ou avec les musiciens. Ça donne tout son sens à ta musique.
Votre second album s’intitule « SMS », qui sont d’ailleurs les initiales d’une des chansons de l’album « Save My Soul ». Quel message cherchez-vous à faire passer à travers votre musique ?
Le message principal qui revient sur les deux albums, c’est surtout un message d’espoir, de croire en ce qu’on fait, en ce qu’on est, et de faire ce qu’on a à faire tout simplement.
Avec « SMS », en particulier, je veux faire passer le message d’un retour à l’essentiel. On vit une période un peu bizarre. Mais on a le pouvoir de changer les choses qui ne nous plaisent pas. Il faut revenir à des valeurs plus saines, revenir aux sources. C’est quelque chose qu’on est les seuls à pouvoir faire finalement. Il n’y a personne pour nous donner un mode d’emploi. Il faut sonder son âme et aller retrouver des valeurs sûres et vraies.
UNITEE cherche à mettre en valeur la diversité culturelle en Europe, en la présentant comme une source d’enrichissement plutôt que de problème. Est-ce également quelque chose qui vous tient à cœur ?
Je pense qu’une société multiculturelle est une grande richesse car l’union fait la force, tout simplement. Ces différentes cultures ont toutes quelque chose à nous apporter. Bien sûr, elles doivent s’intégrer et il faut que l’on puisse s’intégrer. Mais actuellement, dès que ça va mal, les gens ont tendance au contraire à pointer du doigt l’autre, que ce soit l’étranger, l’handicapé…
Je prône bien sûr plutôt une démarche d’ouverture et je pense que la musique peut jouer un rôle. La musique peut rassembler les gens. C’est quelque chose d’universel, qui existe depuis des millénaires et qui a toujours rapproché les gens et continuera de le faire. Quand on va à un concert, les gens sont toujours différents, peu importe la musique.
Vous sentez-vous Belge ou citoyenne du monde ?
Je me sens Belge, même si la culture de mes parents s’intègre dans tout ce que je suis. J’ai très peu voyagé, je suis née ici, j’ai grandi ici, j’habite dans la maison où j’ai grandi. Mais je me sens Belge aussi dans le sens où la Belgique est une société ouverte et multiculturelle. Donc je m’y sens bien.
Et vous lui rendez très bien !