Rencontre avec notre Nouvel Européen du mois, l’entrepreneur Ali Aktan

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Pour cet entrepreneur, tout commence en novembre 1985, lorsque que sa famille décide une nouvelle fois de laisser de côté leur Turquie natale pour venir s’installer dans la capitale du plat pays, Bruxelles, où de nombreux immigrants viennent chercher du travail. Il avait alors 26ans.

Malheureusement cette nouvelle vie n’a pas commencé sur les chapeaux de roue et Aktan a dû surmonter de nombreuses épreuves, notamment lors de sa recherche d’emploi. « J’ai fait des études de mécanique automobile en Turquie, et il m’a été impossible de trouver un emploi dans ce domaine et autres en Belgique », se souvient-il. « J’ai donc dû trouver une alternative afin de pouvoir gagner de l’argent et vivre ici».

C’est donc presque tout naturellement qu’il se tourne vers le monde de l’entreprenariat : « Le plus facile à l’époque, c’était le secteur de l’alimentation. J’ai donc repris, quelques mois après mon arrivée, mon premier commerce de fruits et légumes frais.  ».

Mais ce n’était pas suffisant pour ce touche-à-tout ambitieux. Aktan voyait plus grand, rêvait plus grand. En 1989, seulement quatre ans après son arrivée, il se lance dans le prêt-à-porter, plus particulièrement dans l’import-vente de vestes en cuir venant de Turquie. Les affaires étaient florissantes et le marché d’Aktan s’étendait aux quatre coins de la Belgique et du Luxembourg, preuve vivante du rôle de ponts interculturels, reliant deux marchés, que jouent les entrepreneurs d’origine immigrée. Quand il regarde son parcours professionnel, Aktan souligne d’ailleurs le rôle important de ses deux origines : « Ma plus grande force réside dans deux choses : les difficultés économiques vécues en Turquie et indéniablement ma double culture. C’est elles qui m’a permis de tirer le maximum de ce que j’avais déjà. »

Malheureusement, l’accord d’association d’Ankara de 1963 qui prévoyait la réalisation d’une union douanière entre la Communauté Européenne et la Turquie et de la libre circulation des marchandises est entrée en vigueur en 1996. Une Union douanière et la montée de la concurrence des marchés émergents tels que l’Inde et le Pakistan ont eu raison du commerce d’Ali Aktan. Mais il en fallait beaucoup plus pour le décourager.

Aktan va également, entouré de trois amis, fonder BETIAD – Fédération des Entrepreneurs Actifs, une association qui soutient les entrepreneurs belges et belges d’origine immigrée. Un des leitmotivs de notre entrepreneur est en effet  de « toujours rendre ce que l’on a reçu » et puisque « l’Union fait la Force », le moyen le plus efficace de donner du poids aux hommes d’affaires turcs est de se regrouper en association. « BETIAD est selon moi, le pont idéal entre plusieurs marchés internationaux, l’objectif principal est de fortifier les relations économiques et culturelles entre plusieurs pays.»

Après cela, il décide alors de changer radicalement de métier et se lance dans l’immobilier. En 2006, il fonde son entreprise de rénovation de bâtiments (nouveaux et anciens), BIL Invest SPRL, basée à Bruxelles : « Il faut prendre des risques. Sans cette prise de risque, cette peur de l’inconnu ou de l’échec, personne ne peut espérer réussir ».

Ce métier, aux antipodes de sa formation originelle, Aktan le décrit comme « extrêmement gratifiant » :« c’est beau de voir un bâtiment en ruine ou laissé à l’abandon et lui redonner vie. C’est un réel plaisir qui, malgré les années, ne s’éteint pas ».

Son conseil pour les jeunes entrepreneurs ? « Soyez honnêtes, travaillez dur et profitez des opportunités qui s’offrent à vous. Aimez et soyez fiers de ce que vous faites. Ajoutez une petite dose de prise de risques et rien ne vous empêchera de réussir ! »